top of page

BAKA.net

" En quittant Lomié vers le sud, l'ancienne route de Messok

traversait un coin de forêt inhabité.

Les gens du pays appelaient cette partie de route :  Le Bosquet.

Il n'était guère accueillant et consistait surtout en une série d'infâmes bourbiers..."

  • Facebook Social Icon
  • YouTube Social  Icon
Logo-CNRS.png
logo-MNHN.jpg
logo MdH.jpg

C'est en 1972 que débute la création Moangue le Bosquet, la "Capitale" des  Pygmées

 

Utopie née au cœur de la brousse par la volonté féroce d'une sœur véritablement révolutionnaire, ce village a surgit des marécages en regroupant 12 campements pygmées de forêt vivant de chasse, de pêche et de cueillette depuis des millénaires.

 

Il fut construit et habité par les Baka en quelques mois, sans la présence de "Grands noirs", ces agriculteurs bantous qui ont la très ancienne et fâcheuse habitude de les exploiter. Tout comme les pygmées ont souvent eu la très ancienne et fâcheuse habitude de voler dans les champs de leurs voisins...

Harpe et Nuit - Unknown Artist
00:00 / 00:00
mission Spiritaines de Moangue le Bosquet à l'est du Cameroun

La Base :

Au Bosquet, la mission des Spiritaines est organisée comme un espace ultra opérationnel au plein cœur de la brousse.

 

Elle se compose aujourd'hui de plusieurs bâtiments de plein pied répartis dans une sorte de jardin botanique aéré : logements, cases, dispensaire, ateliers... Puis la chapelle naturellement.

Un grand potager produit une belle ressource. Tout y est calme. En remontant la piste, l'école ouvre un grand espace.

Partout au long de la piste, des cases organisent les familles dans les « quartiers », inventent des placettes. 10 chemins s'enfoncent dans la brousse. En quelques pas, la température chute de 8 degrés en pénétrant dans la forêt dense.

Pygmées Baka
Baka Pygmies
Pygmées Baka

Ce village est devenu un modèle de société en partie utopique et virtuel, qui s’est développé sans discontinuer depuis 44 ans désormais. Ils vivent à distance des Grands Noirs, presque autonomes pourrait-on croire. Pas de gendarmerie, ...uniquement les sœurs...Si la plupart des anciens, les fondateurs, sont repartis vers leurs campements d’origine, de nouvelles générations, natives du Bosquet, se projettent dans le temps comme dans l’espace.


Les emprunts culturels perpétuels ouvrent d’autres chants, le voyage au travers du Cameroun devient un horizon possible, la mer est possible, demain est possible, mais comment autrement ?
Je vis en compagnie des Baka depuis plus de 15 ans.

 

Le temps de partir-revenir, les enfants sont ados, puis parents, et t’empruntent même ton nom...!

Tu les vois revenir de 40 jours de débardage après avoir marché 30 km dans la forêt, ombres d’eux-mêmes...défoncés de King Arthur (alcool à 43°), de Tramadol  (antalgique opiacé) et de tronçonnage. Claqués, éreintés.


Alors ils vont aux champs pour quelques billets, ou transportent les madriers d’arbres de traite, là sont les gros billets ... ! ... à la sortie de la forêt où de jeunes bantous, casquettes, baskets et grosses enceintes en bord de piste récupèrent le salaire des Baka en échange de cigarettes et de défonce.

Le Bronx en Brousse.

Des billets plus gros encore pour la viande ou...l'ivoire. Les troupeaux sont repérés par drone et infra-rouge par les commanditaires. 5 baka dont un Tomba (grand chasseur) sont déposés à proximité du troupeau avec un gros calibre et 3 balles... On ne ramasse même plus la viande.

Bientôt, de toute façon un jour ou l’autre... la mine démarrera. En plein Boum des moteurs électriques, le destin de l'un des plus grand gisement de cobalt au monde est tout tracé, à 6 km de Moangue le Bosquet.

Laurent Maget-tournage Pygmées Cameroun

Les générations se succèdent, inventent de nouveaux mode de vie, osent voyager.

L'été dernier, un groupe de 15 jeunes de 16 à 20 ans est parti faire "le tour du Cameroun". ils avaient formé un groupe de musique "Tibola" qui construit un vrai répertoire depuis plusieurs années, leur permettant de gagner trois sous dans les villes.

Arrivés loin de chez eux, dans l'ouest, personne ne connaissait les pygmées, ni même et surtout ne s'en préoccupait. Ils étaient invités pour jouer à des fêtes, découvraient d'autres cultures.

Pourtant au village comme ailleurs, l'alcool en sachet ou trafiqué fait son travail.

Une publication parue le 18 juin 2018  détermine que le taux de fertilité du village à chuté de 20 % en 10 ans.

Proceedings of the National Academy of Sciences (comptes-rendus de l'Académie nationale des sciences des États-Unis d'Amérique)

Ils vivent aujourd'hui un monde totalement inconnu de leurs ainés.

Peuvent-ils s'y intégrer ?

Laurent Maget

Laboratoire Eco-Anthropologie

CNRS / Muséum National d'Histoire Naturelle

Dpt Homme-Environnement

Site du Musée de l'Homme.

bottom of page